Par Guillaume Lacroix, président du PRG-le centre gauche
Faut-il que les êtres humains ne s’aiment pas pour en arriver là. Faut-il que les conceptions réductrices et suspicieuses de la nature des Hommes soient ancrées dans nos ADN pour que les êtres humains se jettent sans cesse la première pierre au point d’abandonner leur humanité.
Partout l’humanisme recule. Des conceptions religieuses qui réduisent l’Homme à la volonté créatrice de l’un et à la souffrance d’un autre. Des conceptions philosophiques qui font de l’Homme le fossoyeur coupable de la nature pour les uns, un mauvais animal pour les autres.
Pourtant des siècles de coulpe battue ne sauraient visiblement fabriquer l’Homme bon mais conduire vers le refus d’humanité.
De notre histoire on traque chaque trace de perversité, de nos comportements on dénonce chaque lacune et chaque part d’ombre, de nos erreurs ou errements plus de pardon, de nos origines, de notre patrimoine génétique on tire des conclusions générales, certains ont plus d’empathie pour les animaux que pour leurs semblables.
On voit s’entasser les cadavres à nos frontières, on voit des gens mourir de faim et de froid dans nos rues, on jette à la vindicte populaire l’arabe, le blanc, le noir, on fait le procès de la masculinité, on tolère depuis des siècles les violences faites aux femmes, on cherche pour toute cause un coupable. Rien n’est plus mesure et justice. Tout est revanche et indifférence des souffrances de l’autre.
Je veux croire que dans ce moment où la vulnérabilité humaine nous est plus que jamais rappelée par la maladie et les êtres chers qu’elle vole à notre affection, nous allons enfin nous reprendre.
L’humanisme n’est pas la naïveté béate. C’est la pleine conscience que certains d’entre nous s’excluent des règles essentielles de nos vies fragilement communes. Que le droit armé de la police et la justice doivent y répondre sans faiblir. Pas les tribunaux de la morale populaire pourtant si prompts à fermer les yeux sur la misère du monde et la mort qu’elle traîne. C’est admettre que les temps, les parcours de vie ne sont pas linéaires. Que nos vies sont comme nos chemins sinueux et cabossés. C’est entendre que l’autre est mon semblable. Que l’Humain ne peut tendre à la perfection que personne ne sait et ne peut définir. C’est aimer, sans compter, nos rires, nos joies, nos élans, nos intelligences, nos génies, nos folies créatrices, notre goût de l’infini… car si chacun d’entre nous vit avec la conscience de sa finitude, chacun mesure le maillon de la chaîne qu’il compose.
Aimons-nous, acceptons-nous, veillons sur nous, protégeons ce qui de l’Homme et de son environnement fait son essentiel: un juste équilibre maintenu au prix de nos efforts d’humanisme.